Le
PIB (Produit Intérieur Brut) est le
principal indicateur économique sur
lequel se base la politique néo-libérale des pays occidentaux
(Union Européenne et Amérique du Nord en tête). Le PIB tient
compte uniquement de la somme des valeurs ajoutées produites. Il
mesure le flux de production (marchandes et non-marchandes) mais ne
tient pas compte des externalités engendrées par cette production.
Le but d’un représentant politique suivant une doctrine
néo-libérale est de faire grimper cette courbe, c’est ce qu’on
appelle la croissance. Entre parenthèse, le développement
économique, la croissance verte, le développement durable, la
transition énergétique ont tous un unique but, celui de conserver
notre mode de production.
La
production marchande (construire une route, un hôpital, une école,
une usine) et non-marchande (utiliser cette route, cet hôpital,
cette école, cette usine) provoquent inévitablement des
externalités positives et négatives. Le problème principal du PIB
est ainsi d’omettre que ces constructions ont non seulement un coût
financier (qui est évidemment pris en compte), mais surtout
environnemental et social (qui n’est jamais pris en compte).
Jamais ? pensez-vous, et bien non, jamais, car sinon pourquoi
permettre la construction d’une zone commerciale à 10km du
centre-ville sur des champs fertiles (Chateaufarine) ? Pourquoi
approuver la construction d’éoliennes sur des sites naturels
protégés (15 projets éoliens en Franche-Comté d’ici 2020)
? Pourquoi construire de nouvelles routes/chemins de fer qui brisent
les écosystèmes ? Car les externalités négatives ne sont pas
prises en compte. Le PIB ne prend pas en compte l’érosion et la
perte de notre capital-naturel mis gratuitement à notre disposition.
Le PIB ne prend pas non plus en compte les externalités positives
comme la connaissance, l’amitié, le partage, la qualité de vie,
sinon pourquoi se demander encore en 2019 s’il vaut mieux
construire une école, un centre de soin ou tout simplement rien,
plutôt qu’à tout prix une prison, une mine ou une start-up ?
Après
avoir brosser le trait de ce qu’était le PIB, attachons-nous à
observer la fine corrélation qui existe entre la production (PIB) et
les émissions de CO2
indiquée sur l’affiche du RT de ce mois de janvier. Tout d’abord,
il est important de noter que si une courbe des pollutions en tout
genre existait (pollution dues aux plastiques, aux rejets toxiques,
aux pesticides, etc …), elle serait strictement corrélée à celle
de la simple émission de CO2,
et cela pour une unique raison : plus nous produisons, en tenant
exclusivement compte du PIB, plus nous polluons, car le PIB est la
somme des valeurs ajoutées de la production. La valeur ajoutée
comptabilisée par le PIB n’est autre que l’énergie que l’on
aura insufflée au système pour passer d’un produit à un autre.
Plus un produit se retrouve loin dans la chaîne des valeurs
ajoutées, plus il aura eu besoin de ressources primaires
importantes. Acheter des légumes non traités et non génétiquement
modifiés au marché n’offre quasiment aucune valeur ajoutée et
donc n’influencera pas le PIB, il n’aura donc pas beaucoup
d’impact sur les émissions polluantes. A l’opposé, à la
finalité de la chaîne, acheter un ordinateur, un téléphone
portable ou se déplacer en avion utilisera une somme de valeurs
ajoutées considérable et donc seront des produits très polluants.
Aujourd’hui,
il est infiniment plus simple de construire un aéroport, une mine à
ciel ouvert, un stade de sport (qui feront monter le PIB et donc la
croissance) que de ne rien construire.
La
décroissance est une autre manière de penser l’économie, en
inscrivant l’écologie (l’écosystème) au minimum au même
niveau que l’économie. Il devient alors possible de sortir de
cette spirale productiviste, consommation=pollution, qui nous fait
entrevoir un futur des plus chaotique.