Ce dimanche 25 mai 2025 on se donne rendez-vous à partir de 12h30 sur la place
Marulaz, à Besançon.
S'il pleut… comme à notre habitude, on trouvera refuge sous les
arcades du
quai Vauban.
La microélectronique nous assèche et nous empoisonne
Grenoble, cœur de la «Silicon Valley » française, est le
royaume des micro et nanotechnologie. Dans ce royaume peuplé
d'entreprises issues du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) où
règne une politique publique de soutien sans faille à la
microélectronique, les deux entreprises STMicroelectronies (ST) et
Soitec sont centrales. Les usines de ST et Soitec accaparent à elles
seules 185 litres d'eau potable chaque seconde, ce qui équivaut à
vider une méga bassine de Saïnte-Soline tous les 40 jours. En
pleine sécheresse, quand les particuliers n'ont plus le droit
d'arroser leur potager et que les paysan.ne.s sont rationné-es, ST
et Soitec continuent d'engloutir l'eau potable du réseau, sans
restrictions. En effet, l’électronique est l'un des secteurs
industriels les plus voraces en eau, nécessaire à la fabrication
des puces. ST et Soitec polluent l'Isère avec leurs rejets tout en
bénéficiant de dérogations pour ces pollutions. Après traitement,
l'eau rejetée dans l'Isère par ces deux usines est chargée en
substances très toxiques - ammoniac, chlore, hexafluorure,
phosphore, PFAS.. Comme pour les méga-bassines, ce sont les
questions du partage des ressources et des choix de société qui
nous sont aujourd'hui posés avec ces projets d'agrandissement.
Une prolifération d'objets connectés
Les puces produites dans la région grenobloise sont destinées
principalement aux marchés des voitures électriques, des objets
connectés et de la téléphonie mobile, On les retrouve par exemple
dans les voitures Tesla et le réseau de satellites Starlink d'Elon
Musk, la vidéo-surveillance boostée à l'IA, les robos ménagers,
la 5G et jusque dans les maillots de bain et gourdes connectés.
L'industrie microélectronique œuvre à la numérisation du monde,
une manne financière et un outil de contrôle sans commune mesure,
reconfigurant le système capitaliste et changeant radicalement nos
façons de vivre.
Le numérique contre l'agroécologie paysanne
Parmi les nombreux usages de ces puces, on retrouve l'agriculture numérique. Les puces de ST participent à des systèmes de contrôle à distance des troupeaux de bovins ou à des systèmes d'irrigation « intelligents ». Ces technologies contraignent à une surcapitalisation des fermes, à la poursuite des logiques de dépendance et de dépossession au profit de l’agro-industrie. Les industries de semi-conducteurs participent ainsi activement à la disparition de la paysannerie et de tout espoir d'autonomie alimentaire.
Les puces au service de la guerre
Les semi-conducteurs sont utilisés tant dans le civil que dans le
militaire, deux facettes indissociables d’une même pièce.
L'Observatoire des Armements a démontré que les semi-conducteurs de
ST équipent notamment les missiles et drones kamikazes russes. De
son côté, la CGT-ST dénonce la participation active de
l'entreprise au complexe militaro-industriel israélien. Quant à
elle, Soitec - entreprise spécialisée dans les puces « critiques »
à la dissuasion nucléaire et aux avions Rafale, n’est pas en
reste. ST et Soitec sont complices des guerres et de la menace
nucléaire. Pire, elles font du profit sur ces crimes en alimentant
sciemment le commerce de la mort.
La « dématérialisation » n'existe pas
Selon ses promoteurs, le numérique permettrait de se passer de pétrole et participerait à la construction d'un « monde bas-carbone ». En réalité, les économies permises par l'électrification sont largement contrebalancées par l'explosion des usages et par les exigences de l'extraction des matériaux nécessaires, qui ont pour conséquence d'augmenter la consommation d'énergies fossiles. Loin de sa prétendue dématérialisation, le numérique a un impact énorme sur les milieux, ici comme ailleurs : mines qui éradiquent des hectares de forêts et ruinent les rivières, consommation outrancière d'eau potable et d'électricité, pollutions et déchets.… Que cette dévastation soit menée au nom d'une prétendue transition écologique — qui n'a jamais eu, n'a pas et n'aura sûrement pas lieu — montre bien le cynisme de celles et ceux qui la défendent. Le numérique ne « dématérialise » pas les activités : au contraire, chaque objet connecté dépend d’une immense infrastructure technologique, bien matérielle. Les nuisances locales de l'industrie du numérique sont loin d'être les seules : des mines congolaises aux immenses décharges de déchets électroniques ghanéennes en passant par les ateliers de misère asiatiques, le numérique repose sur une exploitation coloniale.
Retrouver notre autonomie par la lutte et les
solidarités
Nous ne manifestons pas contre les salarié.es de ces entreprises.
Si celles-ci font naturellement du chantage à l'emploi, il faut
rappeler que leur but n'est pas de créer du travail, mais de générer
du profit. Quand elles n'ont plus besoin de leurs salarié-es, elles
les licencient. Nous savons combien il est devenu impossible de vivre en dehors du système technologique, ici comme dans de nombreux
endroits du monde. Face au choix politique de la life.augmented
qu'affiche le slogan de ST, de la 6G et du numérique, notre
opposition ne pourra être que collective ! Ce sont bel et bien les
structures que nous visons, en l'occurrence ces grandes entreprises
qui mettent en péril les conditions de vie présentes et futures en
contribuant à la fuite en avant technologique.
Cette escalade de dispositifs numériques nous entraîne peu à
peu vers un monde à la merci des dominants, de plus en plus libérés
de tout contre-pouvoir. Les géants de la tech ne se cachent
d'ailleurs pas de leur goût du pouvoir autoritaire, de leur racisme,
sexisme et de leur transphobie. Face à la société qu'ils dessinent
et aux valeurs qu'ils portent, notre lutte repose sur la solidarité
et l'entraide.
La lutte paye ! Depuis deux ans, la contestation menée par le
collectif STopMicro ne fait que croître et les industriels jusqu'ici
tout-puissants se retrouvent en difficulté. Soitec a annoncé la
suspension de son projet, pendent que le chantier de ST est toujours
à l'arrêt suite à la démission d'un de ses partenaires. Tandis
que les entreprises font le dos rond, la Communauté de communes du
Grésivaudan poursuit sa volonté d'étendre les usines, projetant
d'exproprier plusieurs agriculteurs et de bétonner 11 hectares de
terres agricoles.
Pour plus d'info: Blog de STopMicro
Le collectif STopMicro et les Soulêvements de la terre organisent
une grande mobilisation à Grenoble contre l'accaparement des
ressources par les industries du numérique, et la « vie
connectée ».
Et nous à Besançon, comment peut-on s'organiser pour lutter contre l'hégémonie du numérique dans nos vies ?