Resto Trottoir de Février et infos



Le prochain resto-trottoir aura lieu le dimanche 22 février à partir de 12 heures 30 place Marulaz à Besançon.
Si le coeur vous en dit, il est toujours possible de venir donner un coup de main pour installer vers midi ou de rester un peu avec nous pour la vaisselle ...

Voici quelques infos que nous avons reçu et souhaitons partager avec vous…


À Besançon :
- Ce samedi 21 février 2015 : Soutien à la librairie l'Autodidacte.
Le groupe Proudhon et les amis de l'Autodidacte nous donnent RDV pour une journée de soutien à la librairie : ça se passera à la salle Battant, au 48 de la rue Battant à Besançon.
Nous sommes attendus nombreuses et nombreux dès 16 heures !



- Ces jeudi 26, vendredi 27 et samedi 28 février 2015 : Festival Hors-Clichés, le festival de films qui dégenre.
1ère édition pour ce festival de films sur les genres et les sexualités au-delà des normes et des préjugés.
La programmation des films et des soirées est ici : http://collectifxyzbesac.blogspot.fr/2015/01/hors-cliches-le-festival-de-films-qui.html
Le collectif sera au repas du RT de ce 22 février et tiendra une table de presse : venez discuter et découvrir le programme !



- Ce samedi 7 mars 2015 : Journée internationale pour les Droits des Femmes (8 mars).
Comme chaque année, Solidarité Femmes Besançon est associée à un évènement autour de cette journée emblématique. Elle se tiendra à la salle de La Malcombe.
Le programme est ici : http://www.solidaritefemmes25.org/calendrier/?event_id1=20

- Ce 11 mars 2015 : Ne pas oublier Fukushima… ne pas croire que cela n'arrivera pas en France.
Pour soutenir le peuple japonais dans son refus du nucléaire, pour dire non aux risques insensés du nucléaire, un rendez-vous nous est donné Place Pasteur à Besançon, à 18h30.
Plus d'infos ici : http://journaldelenergie.com/nucleaire/surete-nucleaire-des-failles-clairement-identifiees/
et ici : http://www.sortirdunucleaire.org/Loi-transition?origine_sujet=TE201501

À Dijon :
- Ce 28 février 2015 : Déambulation et plantation d'un verger ! Rendez vous 14 h place Wilson, arbre et pioche en main !
Suivi à 20h d'une bouffe et à 21h d'un bal trad animé par 'le bout du banc'
Plus d'infos ici : http://jardindesmaraichers.potager.org/?p=730 et ici : La "lettre ouverte aux dijonnais et dijonnaises" : https://jardindesmaraichers.potager.org/?p=528 et F Rebsamen le 28 mars 2014 miroir mag et radio campus : http://www.miroir-mag.fr/16685-francois-rebsamen-ps-nous-sommes-la-gauche-et-nous-ne-pouvons-pas-oublier-de-parler-aux-gens-qui-souffrent/



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+ Des infos (plus ou moins récentes) :

•  RDC : Le carnage et la révolte

http://www.izuba.info/info/rdc-le-carnage-et-la-revolte,962.html

21 janvier 2015
En RDC, les manifestions s’étendent malgré une répression féroce
Au troisième jour de mobilisation de la population, à Kinshasa et dans l’Est du pays, contre une loi qui permet au chef de l’Etat de rester au pouvoir au-delà du terme établi par la Constitution en 2016, le décompte des victimes de la violence policière prend des proportions effrayantes.
Ce qui ne fléchit pas, au contraire, la volonté de lutte des Congolais qui réclament désormais le départ du président Kabila.


   21 janvier 2015, à 15 heures
Hier soir, à 23 heures, à Kinshasa, après une journée d’affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre – il s’agirait de membres de la Garde républicaine en uniforme de policiers, vu que ces derniers se font de plus en plus récalcitrants à se battre contre les jeunes descendus dans la rue –, à Masina, Kauka, Lemba, Livulu Campus, Ngaba et Kingasani, le bilan des victimes est monté à 68 morts, dont 6 membres de la force publique. La source de cette information vient d’un médecin de la morgue de l’Hôpital Général Mama Yemo dans le quartier de la Gombé, à Kinshasa. Le correspondant de l’Agence d’information a pu le contacter et ainsi contourner l’interdiction du pouvoir qui empêche aux journalistes d’accéder aux morgues. Paul Nsapu, secrétaire général de la section Afrique de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a déclaré à RFI : « Le personnel soignant nous a informé, chiffres à l’appui, et nous avons des images, des photos sont là. Le régime à tué. »

Une décision prise au Palais de la Nation bien avant le déclenchement de ces événements avec le remaniement de l’armée en septembre 2014 et celui, plus récent, de la police, le 10 janvier. Des hommes de confiance du chef de l’Etat avaient été placés aux postes clé et, dimanche 18, le tout nouveau chef d’état-major attaché à la présidence, le général Olenga, avait été chargé de mettre en place le dispositif pour contrer les manifestations prévues pour le lendemain. Avec la Garde républicaine, les Unités de réaction rapide (URR) de l’armée et celles de la Légion nationale d’intervention de la police ont été déployées.

Face à la détermination des manifestants qui se sont défendus et, en certains cas, ont contrattaqué (des commissariats ont été pris d’assaut, les armes emportées et la maison du gouverneur de Kinshasa a été détruite), ces forces ont été souvent débordées et on compte déjà des cas de défection et d’insubordination.

Affaibli, le pouvoir a essayé de jouer la carte de la répression sanglante à huis clos. Après avoir coupé internet et SMS dans les portables, les médias de l’opposition ont été interdits, y compris celui de la chaîne catholique. Ce matin, suite à la reprise des affrontements, les signaux de RFI et d’Africa 24 ont été aussi coupés, ce qui a été confirmé par Radio Okapi des Nations Unies. Malgré la censure, les informations filtrent, circulent et se vérifient.

A Kinshasa, les premiers cortèges ont démarré le matin tôt à Kasavubu, et les manifestants ont occupé la rue à Kingasani, fief de la nombreuse communauté des Bayaka. Les incidents les plus violents ont eu lieu à l’Unikin, où une source fait état de 18 étudiants tués.

Pendant que nous écrivons (ce mercredi 21 janvier en début d’après-midi), une foule nourrie se dirige vers le pont de Matete alors que les policiers sont en débandade. Dans les Kivu, à Bukavu, le commissariat de Kudutu a été incendié et la Nationale n° 2 bloquée. A Goma, l’université a été occupée à partir de 9h15 et les rues ont été barricadées. La police refuse de tirer et les URR prennent position contre les manifestants. Un groupe d’étudiants a envahi le tribunal et demande la libération de tous les opposants arrêtés par le régime.

A 14h30, Lubumbashi, dans le Katanga, entre dans le mouvement. Les manifestants réunis à Place de la Poste demandent la non adoption de la loi électorale et la libération du bâtonnier Jean-Claude Muyambo, arrêté hier et détenu à la prison de Makala, à Kinshasa. La tension commence aussi à monter à Beni, dans le Nord-Kivu, à Kananga, dans le Kasaï occidental, et à Kisangani, dans la province orientale.

En conséquence de l’ampleur de ces manifestations, de plus en plus spontanées, qui sont en train de prendre une tournure insurrectionnelle, toutes les forces d’opposition se rallient au mouvement. La coalition des partis à l’origine de l’appel du 16 janvier a donné le mot d’ordre du maintien de la pression jusqu’au retrait de loi inconstitutionnelle qui a été hier jugée recevable au Sénat. Dans le cas contraire, une déclaration sera lancée pour exhorter les Congolais à appliquer l’article 64 de la Constitution prévoyant le droit à utiliser la force contre un régime qui confisque les libertés. Le cardinal Monsengwo a publié une déclaration contre toute révision de la Constitution ou modification de la loi électorale. Dans l’après midi d’hier, Etienne Tshisekedi, le leader historique de l’UPDS, s’est adressé à la population afin qu’elle continue à lutter « pour contraindre ce régime finissant à quitter le pouvoir ». Quant à l’opposition politico-militaire du M23, un communiqué de soutien aux manifestations est attendu en fin d’après midi. Entre temps, l’ancien ministre de la jeunesse de ce mouvement, vient de condamner d’une manière ferme « le massacre de la population et les arrestations des opposants ».

Luigi Elongui pour l’Agence d’information

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Une personne a réalisé et nous a fait parvenir cette sélection d'une dizaine de textes en lien avec les attentats récents en France.

Ces textes semblent importants à partager car ils portent un regard critique à différents niveaux : traitement médiatique des évènements, contexte politique et social dans lequel ces attentats s'inscrivent, regard sur la politique éditoriale de Charlie Hebdo ces dernières années, réflexions autour des notions d'"union nationale", de "république", de "liberté d'expression"… Ils sont de ton, de qualité et de provenance diverses, et sont parfois contradictoires les uns avec les autres sur certains points. En somme, tout ce qu'il faut pour muscler nos petits neurones.

À noter que ces textes sont autant de liens vers des sites d'information indépendants qui méritent d'être connus. Le portail rezo.net : http://rezo.net/ réunit bon nombre de ces sources.

   Par ordre chronologique :

"Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd'hui il fait pleurer", non signé, 7 janvier, sur "Quartiers libres"

https://quartierslibres.wordpress.com/2015/01/07/ca-faisait-longtemps-que-charlie-hebdo-ne-faisait-plus-rire-aujourdhui-il-fait-pleurer/

"Ces morts que nous n'allons pas pleurer", Mathias Delori, 8 janvier 2015, sur "Médiapart"

http://blogs.mediapart.fr/blog/mathiasdelori/080115/ces-morts-que-nous-n-allons-pas-pleurer

"La peur d'une communauté qui n'existe pas", Olivier Roy, 9 janvier 2015, sur "Camp-volant"

http://campvolant.com/2015/01/09/la-peur-dune-communaute-qui-nexiste-pas-par-olivier-roy/

"Le discours hypocrite de la liberté d'expression au lendemain de l'attaque contre Charlie Hebdo", David North, 10 janvier 2015, sur "World Socialist Website"

https://www.wsws.org/fr/articles/2015/jan2015/pers-j10

"L'attentat contre Charlie Hebdo : l'occultation politique et médiatique des causes, des conséquences et des enjeux", Saïd Bouamama, 11 janvier 2015, sur "Le bog de Saïd Bouamama"

https://bouamamas.wordpress.com/2015/01/11/lattentat-contre-charlie-hebdo-loccultation-politique-et-mediatique-des-causes-des-consequences-et-des-enjeux/

"L'art de la guerre", non signé, 12 janvier 2015, sur "Lundi matin"

http://www.lundi.am/spip.php?article25

"Quelques réflexions sur les évènements en cours", Yves Pagès, 12 janvier 2015, sur "Pense-bête"

http://www.archyves.net/html/Blog/?p=6238

"Je ne suis pas Charlie", Schlomo Sand, 13 janvier 2015, sur "Union Juive Française pour la Paix (UJFP)"

http://www.ujfp.org/spip.php?article3768

"Charlie à  tout prix", Frédéric Lordon, 13 janvier 2015, sur "La pompe à phynance"

http://blog.mondediplo.net/2015-01-13-Charlie-a-tout-prix

"De la liberté d’expression à la marche républicaine", Philippe Blanchet, 15 janvier 2015, sur "Les mots sont importants"

http://lmsi.net/De-la-Liberte-d-Expression-a-la

Ils ne sont pas intégrés dans cette sélection, mais pour les personnes que ça intéresse signalons que sur rezo.net, on trouve plusieurs textes de professeurs qui parlent des réactions de leurs élèves, de discussions qu'ils ont eu avec eux, de leurs analyses... Il faut remonter le fil des jours pour les trouver.

   En complément, voici des liens vers des textes qui ne parlent pas directement des questions soulevées ci-dessus, mais qui apportent des éclairages pertinents sur tel ou tel aspect.

"Le FBI mis en cause dans l'organisation d'attentats par des Américains musulmans", sur "lemonde.fr". Il ne s'agit pas d'une information faisant partie de la sphère complotiste (dans laquelle on se passe facilement de preuves pour faire des grandes généralités simplificatrices). Human Rights Watch est une ONG reconnue. Cette info vient du Monde Diplomatique d'août 2014 :

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/07/21/le-fbi-a-pousse-des-americains-musulmans-a-commettre-des-attentats_4460774_3222.html

   Deux articles sur l'anticolonialisme de Jaurès :

"Jaurès et le colonialisme : de l'acceptation à  l'opposition»

http://blogs.mediapart.fr/blog/jerome-pellissier/070115/jaures-et-le-colonialisme-de-lacceptation-lopposition

"Quand Jaurés parlait des fanatiques de l'islam»

http://blogs.mediapart.fr/blog/jerome-pellissier/070115/quand-jaures-parlait-des-fanatiques-de-lislam

Une interview de Jéremy Piolat qui amène des éléments de réflexion stimulants sur la question de la colonisation :

http://cqfd-journal.org/La-colonisation-a-commence-ici

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https://www.wsws.org/fr/articles/2015/jan2015/frli-j12.shtml#

   La France prépare des frappes militaires sur le sud de la Libye

Par Thomas Gaist 
12 janvier 2015

L’armée française prépare le lancement de frappes contre des cibles en Libye dans les trois prochains mois, selon un diplomate arabe resté anonyme qui s’est confié au journal de langue arabe basé à Londres, Asharq Al-Awsat.

« Je suis prêt à parier que cette intervention aura lieu dans les trois mois, » a dit cette source anonyme récemment.

Ce diplomate a dit nettement que « la question actuellement n'(était) plus de savoir si la France (allait) intervenir militairement en Libye, mais quand ».

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a donné des indications allant dans ce sens lors de sa visite la semaine dernière au Niger d’une nouvelle base militaire française près de la frontière entre le Libye et le Niger. Sans appeler ouvertement à la guerre, Le Drian a fortement suggéré que le gouvernement français et l’armée considéraient comme imminente, sous une forme ou sous une autre, une intervention en Libye.

« Nous pensons que le moment est venu de s'assurer que la communauté internationale s'attaque au problème libyen. Je pense que c'est aussi ce que pense le président Issoufou. » a dit Le Drian en faisant référence à sa rencontre récente avec le président du Niger, Mahamadou Issoufou.

Le président Issoufou a explicitement appelé à une intervention militaire des puissances occidentales en Libye, réitérant la position de plusieurs chefs d’Etat africains, que l’action militaire des grandes puissances était nécessaire pour contenir le chaos de plus en plus grand régnant dans le pays. «(U)ne intervention internationale est indispensable comme préalable à la réconciliation de tous les Libyens » a dit Issoufou.

Le représentant du régime à Tobruk Ashur Bou Rached s’est fait l’écho de ces exigences, en appelant à l’intervention des grandes puissances en soutien au gouvernement. « Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités légales et morales et à armer, sans retard ni délai, l’armée libyenne pour qu’elle puisse accomplir sa mission nationale, » a dit Rached

Le Drian a lancé des avertissements sérieux ces dernières semaines quant au fait que la Libye était devenue une couveuse pour groupes extrémistes violents. La Libye était devenue « un sanctuaire pour les terroristes, » a-t-il dit dans un discours devant des troupes française stationnées à Niamey la capitale du Niger.

« La Libye est dans le chaos aujourd'hui et c'est un terrain fertile pour les terroristes qui menacent la stabilité du Niger et, plus loin, de la France, » a ajouté Le Drian.

A la fin du mois de décembre il avait insisté pour dire que la Libye était en voie de devenir un « foyer de terrorisme au cœur de la Méditerranée..» et que les puissances de l’OTAN ne devaient pas « rester passives ».

Des déclarations précédentes du ministre français de la Défense montraient clairement que les nouvelles incursions prévues en Libye du sud étaient une des composantes d’un agenda néocolonial plus vaste que l’impérialisme français poursuit au niveau du continent. Le Drian a dit que des opérations contre-terroristes par les troupes françaises et des forces locales agissant par procuration seraient nécessaires à travers « une région qui s’étend de la Corne de l’Afrique à la Guinée-Bissau. »

L’invocation par Le Drian de menaces représentées par les groupes terroristes en Libye sont une inversion de la réalité. Pendant des décennies, les Etats-Unis et les gouvernements européens ont cultivé les groupes islamistes et autres extrémistes comme des alliés politiques et des forces paramilitaires par procuration.

Pendant ses machinations les plus récentes en Libye et en Syrie, le gouvernement américain a fourni directement des armes, de l’entraînement et de l’aide financière aux militants extrémistes liés à Al-Qaïda. Des groupes militants partout en Afrique, y compris les extrémistes soutenus par les Etats-Unis et l’OTAN pour renverser Kadhafi, ont reçu de l’aide financière de l’Arabie-Saoudite et du Qatar, ceux-ci étant alignés sur les Etats-Unis.

La force motrice derrière la vague de violence impérialiste qui traverse l’Afrique n’est pas la menace du terrorisme, mais les intérêts financiers et commerciaux des élites américaines et européennes qui s’efforcent par la guerre de développer leurs sphères de contrôle sur le continent et de contrecarrer l’influence économique grandissante de la Chine. L’assaut militaire imminent contre la Libye est seulement la phase le plus récente du projet impérialiste à long terme de réorganiser la politique africaine sur une base néocoloniale.

Mise à part l’aide apportée par les groupes extrémistes en Afrique dans le renversement de gouvernements, leur rôle principal est – comme au Moyen-Orient et en Asie du Sud – celui de servir de croque-mitaine et de couverture idéologique pour justifier « la guerre contre la terreur » des puissances impérialistes. Les mêmes forces sociales que les impérialistes avaient soutenues pendant l’assaut contre la Libye sont maintenant présentées comme la justification pour de nouvelles guerres et des occupations sans fin.

Un an à peine après que les brigades islamistes liées à Al-Qaïda avaient été armées pour renverser Kadhafi – provoquant une immense écoulement d’armes et un déferlement de milices vers les pays frontaliers de la Libye, au Sahel et en Afrique de l’Ouest – la France lançait une invasion à grande échelle du Mali, nommée Opération Serval.

En réponse prétendument à la capture de villes dans le nord de ce pays par des militants islamistes et des mercenaires touaregs en fuite après la chute de Kadhafi, l’Opération Serval se donnait pour objectif « la reconquête totale » du Mali, comme s’en est vanté Le Drian en 2013.

L’Opération Serval s’est avérée être le fer de lance de l’établissement d’une occupation française militaire permanente au Sahel sous couverture de l’opération Barkhane, qui a succédé à l’opéation Serval.

L'Opération Barkhane, lancée officiellement le 9 août par des frappes aériennes sur des cibles dans la région d’Essakane au nord du Mali, donne une idée du véritable objectif derrière le battage à propos de nouvelles missions militaires préparées par les forces armées américaines et européennes contre la Libye et d'autres pays africains.

Le but affiché de Barkhane est de « régionaliser » les efforts militaires français au Sahel en établissant un réseau de bases et le déploiement permanent de troupes qui serviront de fondement à « des efforts pour renforcer la sécurité de la région », efforts devant être menés par des milliers de soldats français dispersés sur une zone comprenant le Mali, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso et la Mauritanie. Les zones désertiques du Sahel devant être occupées par les forces françaises, contiennent des ressources importantes d'uranium, déterminantes pour le fonctionnement du capitalisme français.

Le personnel de commandement de Barkhane sera stationné dans la capitale du Tchad, N'Djamena. Une nouvelle base aérienne pour fournir de la surveillance et du soutien aériens à la mission sera également ouverte dans cette ville. L'opération a installé un quartier général pour des unités des forces spéciales au Burkina Faso et un autre avant-poste à Gao, au Mali, tenu par au moins 1.000 soldats. Un autre avant-poste de renseignement à Niamey aura une garnison de 300 hommes et un certain nombre de bases plus petites seront tenues chacune par 30 à 50 soldats, selon le National Interest.

Des contingents d'avant-garde d'agents des renseignements des Etats-Unis et de l'Otan ont été déployés en Libye pour faire de la formation militaire et d'autres activités non précisées en mars 2014, selon la société privée d'intelligence Stratfor.

La cause spécifique des appels urgents et croissants pour une action militaire en Libye pourrait bien être la menace de nouvelles perturbations de la production de pétrole dans le pays comme conséquence de la lutte entre des gouvernements rivaux basés à Tripoli et à Tobruk.

La souveraineté sur le territoire libyen et ses ressources énergétiques est à présent contestée par deux semi-états plus ou moins intégrés, qui comprennent des éléments de formations militaires de l'ancien gouvernement et de groupes ethno-sectaires. Alors que le parlement de Tobruk, reconnu au niveau international, l’a été par les gouvernements de grands pays, Tripoli, la capitale de la nation, est contrôlé par des milices affiliées à l'Aube de la Libye, y compris des éléments du Groupe islamique combattant en Libye (GICL) et d'autres forces liées à Al-Qaïda. Les militants de l'Aube de la Libye ont établi leur gouvernement insurgent dans la capitale Tripoli après avoir saisi la ville en août 2014.

Le mois dernier des milices basées à Tripoli ont endommagé plusieurs installations pétrolières lors de tentatives de capturer les principales installations libyennes d'exportation de pétrole à Sidra et Ras Lanuf. Les combattants liés à l'Aube de la Libye ont mis le feu à au moins cinq réservoirs de stockage de pétrole au terminal pétrolier de Sidra, détruisant jusqu'à un milliard de dollars de pétrole.

Les forces aériennes contrôlées par l'Armée nationale libyenne (ANL) – qui auraient été équipées de nouveaux avions de guerre par la Russie – ont lancé des frappes répétées sur des installations pétrolières tenues par l'opposition basée à Tripoli pendant les dernières semaines. Des avions à réaction de l'ANL ont lancé des missiles contre le pétrolier grec ARAEVO, supposément après avoir prévenu le bateau de ne pas se mettre à quai au port de Derna, qui est contrôlé par des groupes de combattants islamistes qui sont nominalement affiliés à l'Etat islamique. Ceci fait partie des efforts de l'ANL d’empêcher du pétrole et d'autres denrées commerciales de transiter par les villes portuaires de Derna et Benghazi.

La guerre civile en Libye crée les conditions pour l'éruption de nouvelles guerres régionales. Comme conséquence de son soutien aux forces de l'Aube de la Libye, le gouvernement turc est effectivement en guerre contre le gouvernement de Tobruk à l'est de la Libye. Mercredi, la Turquie a lancé un avertissement à tous les citoyens turcs et aux avions de ligne pour qu'ils quittent la Libye, en réaction à des menaces du régime qu'il allait attaquer tout bateau et avion qui s'approcherait des zones sous son contrôle.

(Article original paru le 10 janvier 2015)

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http://www.huffingtonpost.fr/pierre-sigler/animaux-culture-sociologie_b_6499768.html
L'existence des cultures animales est officiellement reconnue
ANIMAUX - L'événement eut lieu à la 11e conférence de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, un traité international, conclu sous l'égide de l'ONU, auquel la France a adhéré en 1990. La 23e résolution reconnaît « qu'un certain nombre d'espèces mammifères socialement complexes, telles que plusieurs espèces de cétacés, de grands singes et d'éléphants, montrent qu'elles ont une culture non humaine (ci-après "culture") » et en tire pour conséquence qu'outre les écosystèmes, les individus ou la diversité génétique, il faut préserver les cultures animales, en favorisant leur transmission (d'une génération à l'autre), en évitant autant que faire se peut les perturbations anthropiques et en encourageant la recherche sur ces cultures.

L'existence des cultures non humaines est connue depuis longtemps, mais la nouveauté est qu'elles sont reconnues officiellement, et, ce détail a son importance, par l'appellation "culture non humaine" et non par des termes atténués tels que "proto-culture" ou "pré-culture".

La culture des sociétés animales qui n'ont pas à leur disposition de langage syntaxique est évidemment différente et moins riche que la culture des sociétés humaines. On entend par culture l'ensemble des "acquis" (savoirs ou comportements) que les individus (humains ou non humains) sont capables de transmettre aux autres, processus qu'on appelle l'apprentissage social (1).

    Innovation et transmission

L'étude de la transmission culturelle d'une innovation a débuté au milieu du XXe siècle, par deux observations devenues célèbres. En Angleterre, les laitiers distribuaient les bouteilles de lait chaque matin sur le palier des maisons. À partir de 1947, on a commencé à observer que des mésanges perçaient l'opercule d'aluminium des bouteilles de lait pour en boire le contenu (2) (3). Cette innovation eut lieu vraisemblablement en plusieurs endroits différents (4).

Bientôt, toutes les mésanges du pays se mirent à ouvrir les bouteilles de lait, avec d'ailleurs une préférence pour les bouteilles de lait entier (reconnaissables à la couleur de l'opercule). À l'inverse, alors que certains rouges-gorges trouvèrent comment ouvrir les bouteilles, ce comportement resta chez eux sporadique. La différence s'explique par le fait que les mésanges sont des oiseaux sociaux et voyageurs, tandis que les rouges-gorges sont solitaires et casaniers. L'innovation s'est répandue chez les mésanges par apprentissage social (5).
En 1953 au Japon, dans un groupe de macaques observé par des primatologues, une femelle eut une idée : laver une patate douce dans un ruisseau avant de la manger. Bientôt ce comportement se répandit dans tout le groupe (à l'exception de quelques "anciens", réfractaires au progrès), puis passa à la génération suivante (6).

Notons que les innovations ne se transmettent pas toujours chez les animaux sociaux. Parfois les congénères de l'inventeur ne parviennent pas à reproduire sa technique. Ainsi, sur l'île portoricaine de Cayo Santiago, un seul singe rhésus est capable de casser les noix de coco (7).

    Dialectes et traditions

La culture n'est pas faite que d'innovations, mais comporte aussi des coutumes arbitraires. En 1978, des éthologues ont découvert un trait culturel arbitraire chez les chimpanzés, la poignée de main (8). En Tanzanie, les chimpanzés de Kasoge se serrent la main, mais pas ceux de Gombe, situés à 50 km.

L'étude du chant des cétacés et de certains oiseaux a révélé l'existence de dialectes (9) qui évoluent au cours du temps (10). Ces dialectes peuvent connaître des bouleversements à la suite de migrations. Ainsi, sur la côte est de l'Australie, le chant des baleines à bosse, propre à chaque groupe, a subit une révolution. Vraisemblablement à la suite de la migration de quelques individus, toutes les baleines de la côte ont adopté le chant des baleines de la côte ouest (11). Les éthologues ont supposé que les baleines sont attirées par la nouveauté.

Chez les cailles du Japon, on a montré que l'attirance des femelles pour certains traits chez les mâles se transmettait culturellement entre les femelles (12). Des vachers à tête brune élevés par des parents d'une autre communauté que leur communauté de naissance acquièrent les habitudes des membres de leur communauté d'adoption en matière de séduction et de choix du partenaire (13).

Chez les poissons, les lieux de ponte, de repos ou les circuits de recherche de nourriture sont souvent transmis d'une génération à l'autre. Si, dans un récif corallien, on remplace une population de girelles par un autre groupe de girelles, la nouvelle population adopte d'autres lieux de ponte, de repos ou de recherche de nourriture que la population précédente et les transmet à la génération suivante (14).

    Enseignement

La transmission peut aussi se faire par enseignement, que l'on caractérise en éthologie par le fait que l'enseignant réduit ses performances propres au bénéfice de l'apprenant. Washoe, le premier chimpanzé à qui on a appris à s'exprimer en langue des signes, ralentissait sa vitesse d'élocution lorsqu'elle s'adressait à des débutants en langue des signes (humains ou chimpanzés) (15).

Les orques peuvent s'échouer volontairement sur la plage dans le but d'attraper les phoques qui s'y trouvent. Les mères poussent leurs petits vers la plage, les habituent à s'échouer sur le sable, les déséchouent quand ils n'y arrivent pas eux-mêmes, leur montrent comment attraper des proies. Ceci au détriment de leurs performances (il leur arrive même de relâcher une proie) (16)

    Civilité des éléphants

Au début des années 1980, les autorités du parc national Kruger estimèrent qu'il y avait trop d'éléphants dans le parc. Pour en réduire la population, ils tuèrent les vieux éléphants, puis délocalisèrent certains éléphanteaux orphelins vers d'autres parcs.

Cela eut une conséquence inattendue. Au milieu des années 1990, on se rendit compte que certains des éléphanteaux mâles délocalisés, devenus adolescents, formaient des meutes de "jeunes tyrans", qui attaquaient et tuaient des rhinocéros et d'autres animaux. Or, d'habitude, les éléphants sont pacifiques et n'agissent pas de la sorte.

On s'est aperçu que ces jeunes mâles étaient en "musth", un état périodique des éléphants mâles qui se caractérise par une augmentation importante de l'agressivité et de la sécrétion hormonale (la sécrétion de testostérone peut être multipliée jusqu'à 60 fois). Or, dans un troupeau normal, les vieux éléphants aident les jeunes à contenir leur agressivité lors de leurs premiers musths.

Pour vérifier si c'était effectivement l'absence des aînés qui avait conduit les jeunes mâles à si mal tourner, on a amené de vieux éléphants dans les groupes de jeunes mâles. Les agressions ont pris fin. Aujourd'hui, les autorités du parc national Kruger utilisent la contraception pour contrôler la population des éléphants.

    Un patrimoine diversifié

Une synthèse des observations de plus de 40 groupes de chimpanzés en Afrique a mis en évidence que chaque groupe a ses traditions concernant 39 types de comportements (communication, utilisation d'outils, utilisation de plantes médicinales, alimentation, couchage, pratiques sexuelles...) (17).

Certains orangs-outangs de Bornéo fabriquent des poupées faites d'un assemblage de feuilles. D'autres fabriquent des "sex toys". Un groupe de capucins a une tradition originale, consistant à renifler les mains de l'autre et à poser ses doigts sur sa bouche. Certains dauphins femelles utilisent une éponge comme protège nez lorsqu'elles raclent le fond à la recherche de nourriture. On pense que cette technique, apparue au XIXe siècle, ne se transmet que de mère en fille, sans que l'on sache très bien pourquoi (18). Bref, les cultures animales révèlent aux éthologues une richesse insoupçonnée.

    Conclusion

L'étude des animaux ne relève pas seulement des sciences de la vie, mais aussi des sciences sociales. Il s'agit d'une révolution conceptuelle dans notre rapport aux animaux, traditionnellement vus comme du ressort exclusif de la "nature". Actuellement, les écologistes ne s'intéressent qu'à la préservation des espèces, pas aux individus. Reconnaître que les animaux sont porteurs d'une culture contribuera sans doute à changer ce prisme.

    Notes et bibliographie

Bibliographie

(1) Laland, Kevin N., et William Hoppitt. 2003. « Do Animals Have Culture? ». Evolutionary Anthropology: Issues, News, and Reviews 12 (3): 150‑59. doi:10.1002/evan.10111.
(2) Fisher, J. et Hinde, R. A. « The opening of milk bottles by birds ». British Birds, 1949, vol. 42, n°11, p. 347-357.
(3) Hinde, R. A. et Fisher, J. « Further observations on the opening of milk bottles by birds ». British Birds, 1951, vol. 44, no 12, p. 393-396.
(4) Lefebvre, L. « The Opening of Milk Bottles by Birds: Evidence for Accelerating Learning Rates, but against the Wave-of-Advance Model of Cultural Transmission ». Behavioural Processes 34, no 1 (mai 1995): 43‑53.
(5) Aplin, Lucy M., Ben C. Sheldon, et Julie Morand-Ferron. « Milk Bottles Revisited: Social Learning and Individual Variation in the Blue Tit, Cyanistes Caeruleus ». Animal Behaviour 85, no 6 (juin 2013) : 1225‑32. doi:10.1016/j.anbehav.2013.03.009.
(6) Kawai, M., Watanabe, K., et Mori, A. « Pre-cultural behaviors observed in free-ranging Japanese monkeys on Koshima islet over the past 25 years ». Primate Report, 1992, p. 143-143.
(7) Comins, Jordan A., Brian E. Russ, Kelley A. Humbert, et Marc D. Hauser. 2011. « Innovative Coconut-Opening in a Semi Free-Ranging Rhesus Monkey (Macaca Mulatta): A Case Report on Behavioral Propensities ». Journal of Ethology 29 (1): 187‑89. doi:10.1007/s10164-010-0234-0.
(8) McGrew, W. C., et C. E. G. Tutin. 1978. « Evidence for a Social Custom in Wild Chimpanzees? ». Man 13 (2): 234. doi:10.2307/2800247.
(9) Janik, Vincent M., et Peter J.B. Slater. 1997. « Vocal Learning in Mammals ». In Advances in the Study of Behavior, 26:59‑99. Elsevier. http://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0065345408603770.
(10) Payne, Katharine, et Roger Payne. 2010. « Large Scale Changes over 19 Years in Songs of Humpback Whales in Bermuda ». Zeitschrift Für Tierpsychologie 68 (2): 89‑114. doi:10.1111/j.1439-0310.1985.tb00118.x.
(11) Noad, Michael J., Douglas H. Cato, M. M. Bryden, Micheline-N. Jenner, et K. Curt S. Jenner. 2000. « Cultural Revolution in Whale Songs ». Nature 408 (6812): 537‑537. doi:10.1038/35046199.
(12) White, et Galef. 2000. « "Culture" in Quail: Social Influences on Mate Choices of Female Coturnix Japonica ». Animal Behaviour 59 (5): 975‑79. doi:10.1006/anbe.1999.1402.
(13) Freeberg, Todd M. 1996. « Assortative Mating in Captive Cowbirds Is Predicted by Social Experience ». Animal Behaviour 52 (6): 1129‑42. doi:10.1006/anbe.1996.0260.
(14) Warner, Robert R. 1988. « Traditionality of mating-site preferences in a coral reef fish ». Nature 335 (6192): 719‑21. doi:10.1038/335719a0.
(15) Fouts R.S., « Foreword », in McMillan, Franklin D., éd. 2005. Mental health and well-being in animals. 1st ed. Ames, Iowa: Blackwell Pub.
(16) Rendell, Luke, et Hal Whitehead. 2001. « Culture in whales and dolphins ». Behavioral and Brain Sciences 24 (02): 309‑24.
(17) Whiten, A., J. Goodall, W. C. McGrew, T. Nishida, V. Reynolds, Y. Sugiyama, C. E. G. Tutin, R. W. Wrangham, et C. Boesch. 1999. « Cultures in Chimpanzees ». Nature 399 (6737): 682‑85. doi:10.1038/21415.
(18) Kopps, Anna M., et William B. Sherwin. 2012. « Modelling the Emergence and Stability of a Vertically Transmitted Cultural Trait in Bottlenose Dolphins ». Animal Behaviour 84 (6): 1347‑62. doi:10.1016/j.anbehav.2012.08.029.